Mais la vérité est toute autre. Le choix n’est que pure illusion, le libre arbitre n’est autre que la croyance que l’on peut faire bien, tout en évitant de faire mal. Que l’on peut attirer à soi le positif, tout en repoussant le négatif.
Cette croyance est fondée sur un principe élémentaire, celui qui fait croire que les choses dépendent de nous.
Le chemin spirituel est un chemin de croix, car cette responsabilité écrase la conscience sous son poids.
L’ego, tout au long de ce chemin de croix, fait avaler ses couleuvres. La croix représente le poids de la responsabilité portée, puisque les choses dépendent soi-disant de « moi ». Les couleuvres que l’ego fait avaler sont toutes ces remises en question, toutes ces croyances, tous ces concepts nés d’une structuration judéo-chrétienne de la société.
Afin de comprendre tout le mécanisme, il faut revenir au début de la structuration de la société telle que nous la connaissons.
« L’an zéro », la naissance du Christ, cette personne qui va amener une nouvelle vision de la vie à travers sa clairvoyance au sens propre du terme. Jesus voyait ce que « les gens » ne voyaient pas, la Vérité. La vérité que rien ne dépend de personne, car seul « dieu » est tout puissant. Or, même à la naissance de Jesus, les « hommes de savoir » étaient aveugles devant cette vérité, ils n’étaient remplis que de « savoirs » et donc très intelligents sur le plan de la connaissance mentale, mais totalement ignares sur la Vérité, car celle-ci n’a rien à voir avec l’intellect.
La vérité que rien ne dépend de personne, car seul « dieu » est tout puissant.Christophe Heurtel
Les « simples d’esprits » comprenaient son message, car le peuple n’a pas toute la connaissance de ceux qui « savent » (conditionnement). Le paradis leur est donc ouvert (absence de conditionnement).
Or, il n’est de pire ennemi pour « l’homme de savoir » que celui qui « ne sait pas » et qui vient lui apporter une vérité à laquelle il ne peut faire face.
Les enfants ne sont pas écoutés, pourtant la vérité sort de leur bouche
Celui qui ne sait pas est bien plus proche de la vérité que celui qui « sait ». Une personne comme Jésus était proche des enfants et savait les écouter. Celui qui sait , « l’homme de savoir » ne va faire que transmettre ses connaissances, sans rien recevoir en retour, puisque de son point de vue, l’enfant ne sait rien et ne peut donc rien lui apprendre.
L’enfant ne connait pas la culpabilité, celle-ci va lui être transmise au travers d’une éducation et d’un conditionnement par ceux qui « savent » en lui faisant intégrer le concept que les choses dépendent de lui.
Lorsque l’éducation a suffisamment conditionné l’enfant, il se sent soit méritant, soit coupable (sage ou pas sage, gentil ou méchant) et va devenir adulte en vacillant constamment entre les deux. Le besoin d’équilibre émergera de ce vacillement.
Jesus mettait en lumière cette responsabilité (mérite/culpabilité) chez les autres, elle s’est alors retournée contre lui et il a donc pris sur lui « tout le poids » de celle-ci. La croix symbolise le croisement entre l’horizontal (extérieur) et la verticale (intérieur). Lorsque la vie est totalement « ouverte » à sa nature duelle à travers ce que l’on appelle « moi », plus rien ne pose problème à cette « personne » (éveil spirituel, illumination, nirvana…)
Quelqu’un comme Jesus n’oppose donc aucune résistance au fait qu’il va mourrir. (détachement absolu)
A partir de là, les « hommes de savoir » (hommes de pouvoir) vont récupérer et détourner son enseignement à travers leurs connaissances et donc en faire une interprétation égotique.
Le chemin de croix devient un chemin de souffrance et la libération égotique devient le paradis, inaccessible de son vivant.
Le chemin de croix devient un chemin de souffrance et la libération égotique devient le paradis, inaccessible de son vivant.Christophe Heurtel
Notre société est alors structurée sur un modèle de souffrance justifiée, de pénibilité, afin d’accéder au bien être éternel : faire vivre son peuple dans la contradiction est le meilleur moyen pour instaurer un contrôle total sur celui-ci.
Un nouveau mode de conditionnement radical prend alors forme et quiconque se rebellera contre « l’empire » devra abjurer sa faute.
C’est donc tout l’inverse du message du « prophète » qui sera instauré.
Aujourd’hui
Structurellement, rien n’a changé depuis plus de 2000 ans. Bien sûr la forme évolue mais le fond reste le même.
Nous sommes dans un système égotique et donc pyramidal : en haut les « hommes de savoir » (bergers), en bas les ignorants (moutons).
Ce système est omniprésent dans toutes les sociétés, entreprises, religions, écoles…
Le conditionnement collectif est toujours de faire croire que les choses dépendent de ce que l’on glorifie : « moi ».
Tout dans la société occidentale ramène à une chose, la responsabilité.
S’il y a responsabilité, il y a mérite d’avoir réussi.
S’il y a responsabilité, il y a culpabilité d’avoir échoué.
Le conditionnement égotique est de toujours maintenir l’illusion de libre arbitre, donc de culpabilité. Vous êtes alors coupable d’échouer et victorieux de réussir. Système archaïque toujours en place, les rois sont bénis des dieux et les miséreux des sous-hommes. Mais jamais aucun roi n’a choisi de l’être, ni aucun miséreux.
Mise en lumière du conditionnement jusqu’à libération
Tant que tout le conditionnement n’est pas mis en lumière, l’ego maintient l’illusion d’une éventuelle libération. La véritable libération n’a rien à voir avec ce que l’on appelle « moi », c’est toute la contradiction dans laquelle cette mécanique est huilée depuis 20 siècles.
Lorsque l’on fait croire à quelqu’un qu’il est prisonnier, il va alors se mettre à fonctionner comme tel et se mettre à :
– élaborer un plan d’évasion
– s’apitoyer sur son sort
– chercher les coupables de son emprisonnement
Dans les trois cas, un « chemin spirituel » (chemin de croix) démarre. Il va durer un temps qui sera fonction de la mécanique de son « moi ». (système egotique). Soit il arrivera aux confins du chemin spirituel (paradis) soit il n’y arrivera jamais (enfers) comme la plupart des gens, et vivra dans la certitude que les choses dépendent de lui (conditionnement : prison de l’ego).
Tous ces gens croient que les goûts et les couleurs font partie du « libre-arbitre » sans jamais voir que cette croyance est en fait l’ego et les couleuvres. Mais il n’y a pas de libre arbitre, ce « moi » est une mécanique qui répond à son propre mode de fonctionnement et le choix est une illusion qui fera émerger la frustration, qui elle-même nourrira l’ego. La frustration étant sa nourriture. C’est par frustration que l’ego entre en action, sans que jamais l’action ne vienne de lui, car c’est précisément ce qui devra être vu.